Le football a changé. Le regard que nous portons sur lui aussi. En 2026, affirmer qu’un joueur a réalisé un « bon match » uniquement à l’œil nu, sans confronter son impression aux données de progression ou de volume, relève de l’approximation. La data n’est plus une option réservée aux directeurs sportifs : c’est le langage universel du football moderne.
Pourtant, entre les sigles barbares (xG, PPDA, xT) et les graphiques complexes, le fossé se creuse. Ce guide a une vocation unique : combler ce fossé. Que vous soyez un analyste en herbe ou un puriste curieux, voici la bible pour décoder ce que les chiffres disent réellement du jeu. Oubliez la possession de balle stérile ; bienvenue dans l’ère de l’efficience.

1. Les Fondations : Comprendre la Source de la Donnée
Avant d’analyser une seule statistique, il est impératif de comprendre d’où elle vient. En 2026, l’écosystème de la data repose sur une distinction binaire fondamentale : ce qui se passe avec le ballon et ce qui se passe autour.
L’Event Data : Le récit du ballon
C’est la couche historique de la statistique, celle popularisée par Opta au début des années 2010.
- Définition : L’enregistrement de chaque action réalisée avec le ballon.
- Ce qu’elle capture : Passes, tirs, tacles, dribbles, dégagements.
- La limite : Elle est aveugle au mouvement sans ballon. Si un attaquant fait un appel tranchant de 40 mètres qui ouvre une brèche pour un coéquipier sans toucher la balle, l’Event Data ne le voit pas.
La Tracking Data : La géométrie du jeu
C’est la révolution majeure de la dernière décennie, rendue accessible par la vision par ordinateur et les caméras optiques dans tous les stades de Ligue 1.
- Définition : L’enregistrement de la position (coordonnées X,Y,Z) des 22 joueurs et du ballon, 25 fois par seconde.
- Ce qu’elle capture : Les vitesses, les orientations du corps, l’espacement entre les lignes, le contrôle de l’espace.
- L’apport 2026 : C’est elle qui nourrit les modèles d’Intelligence Artificielle pour calculer la probabilité de réussite d’une passe avant même qu’elle ne soit faite.
Le Point Clé : L’analyse moderne fusionne ces deux flux. On ne regarde plus seulement « la passe réussie » (Event), mais « la passe réussie alors que 3 adversaires fermaient l’angle de passe à moins de 2 mètres » (Tracking + Event).
2. L’Arsenal Offensif : Décoder l’Efficacité « On-Ball »
Le football est un jeu à faible score (Low-scoring game). Juger un attaquant uniquement sur ses buts en 2026 est une hérésie statistique car la taille de l’échantillon est trop faible. Pour évaluer la performance réelle, nous devons décomposer le processus de création et de finition à travers des métriques granulaires.
La Hiérarchie des « Expected Metrics » (La Finition)
Tout commence par la qualité de l’opportunité.
- xG (Expected Goals) : La probabilité qu’un tir se transforme en but (de 0 à 1). Elle prend en compte la distance, l’angle, la partie du corps, le type de passe reçue et la pression défensive avant la frappe. C’est la mesure de la qualité de la « chance » créée.
- xGOT (Expected Goals On Target) : Aussi appelé Post-Shot xG. Contrairement au xG standard, le xGOT mesure la qualité du tir après l’impact. Un tir de loin (0.02 xG) qui file en lucarne peut valoir 0.80 xGOT. C’est la métrique reine pour juger la performance pure d’un gardien ou la qualité de frappe d’un buteur.
- npxG (Non-Penalty Expected Goals) : Le total d’xG d’un joueur ou d’une équipe, soustrait des penaltys (qui valent 0.76 à 0.79 xG constants). Indispensable pour ne pas surévaluer un buteur qui « gonfle » ses stats sur ces coups de pied arrêtés.
- G-xG (Performance vs Expected) : La différence entre les buts réels et les xG. Un chiffre positif indique une surperformance (finition d’élite ou chance), un chiffre négatif indique une sous-performance (maladresse ou malchance).
La Chaîne de Création (Le Playmaking)
Un but est la conclusion d’une séquence. Comment mesurer ceux qui construisent ?
- xA (Expected Assists) : La valeur xG du tir qui suit la passe d’un joueur. Le passeur n’est plus dépendant de la finition de son coéquipier pour être crédité d’une bonne action. Si vous donnez un caviar à un attaquant qui tire à côté, vous gardez votre xA élevé.
- Key Pass (Passe Clé) : Toute passe qui mène directement à un tir, qu’il soit cadré ou non. C’est l’indicateur de volume de création, là où l’xA est l’indicateur de qualité.
- SCA (Shot-Creating Actions) : Les actions offensives (passes, dribbles, fautes subies) qui mènent directement à un tir. Cela permet de créditer le joueur qui a fait « l’avant-dernière passe » ou le dribble de décalage, souvent oublié par les stats classiques.
- GCA (Goal-Creating Actions) : Même logique que le SCA, mais pour les actions menant à un but.
Tableau Récapitulatif : Le Dictionnaire de la Création
| Métrique | Nom Complet | Définition | Pourquoi l’utiliser ? |
| xG | Expected Goals | Probabilité (0 à 1) qu’un tir devienne un but selon sa position et le contexte avant la frappe. | Mesurer la qualité des occasions obtenues, pas juste la finition. |
| xGOT | Expected Goals On Target (ou PSxG) | Probabilité de but mesurée après la frappe (prend en compte le placement et la puissance du tir). | Évaluer la qualité de frappe réelle d’un buteur ou la performance d’arrêt d’un gardien. |
| npxG | Non-Penalty Expected Goals | Total des xG soustrait des penaltys (valeur fixe ~0.76). | Éviter de surévaluer un joueur qui tire les penaltys pour juger sa création d’occasions pure. |
| G-xG | Goals minus xG | Différence entre les buts réels et les xG générés. | + : Finition d’élite ou chance insolente. – : Maladresse chronique ou malchance. |
| xG/Shot | xG per Shot | La valeur moyenne de chaque tir tenté. | Distinguer les « snipers » (tirs à haute probabilité) des joueurs qui « gâchent » (tirs de loin inutiles). |
| xA | Expected Assists | Valeur xG du tir résultant d’une passe. | Juger la qualité du passeur sans qu’il soit pénalisé par la maladresse de son attaquant. |
| Key Pass | Passe Clé | Toute passe qui mène directement à un tir (cadré ou non). | Mesurer le volume de création d’un joueur (quantité), là où l’xA mesure la qualité. |
| SCA | Shot-Creating Actions | Les 2 actions offensives (passe, dribble, faute subie) précédant un tir. | Créditer le joueur qui crée le décalage initial, pas seulement le dernier passeur. |
| GCA | Goal-Creating Actions | Même logique que le SCA, mais pour les actions menant à un but. | Identifier les joueurs décisifs dans les séquences qui font mouche. |
| Big Chance | Occasion Franche | Situation où le joueur doit raisonnablement marquer (généralement xG > 0.35). | Mesurer la capacité d’un attaquant à se démarquer dans les zones critiques. |
| Second Assist | Avant-dernière passe | La passe qui permet la passe décisive. | Crucial pour valoriser les meneurs de jeu reculés ou les ailiers « perforateurs ». |
| Deep Comp. | Deep Completions | Passes réussies (hors centres) à moins de 20m du but adverse. | Identifier les joueurs capables de casser le bloc bas adverse par la passe. |
3. La Métrique Reine de 2026 : La Valeur de la Progression
Le principal défaut des statistiques classiques (Buts, Passes D) et même des xG, c’est qu’elles souffrent du « bais de la finalité ». Elles ne récompensent que la conclusion de l’action. Or, dans le football moderne, la difficulté majeure n’est pas toujours de finir, mais d’amener le ballon dans le dernier tiers face à des blocs bas compacts. Comment quantifier la valeur de celui qui brise les lignes ?
Expected Threat (xT) : La Menace Attendue
C’est l’indicateur favori des analystes en 2026 pour juger l’apport réel d’un joueur dans le jeu.

- Le concept : Le terrain est divisé en une grille (grid) de zones. Chaque zone possède une probabilité de marquer (si on a le ballon ici, on a X% de chance de marquer dans les 10 prochaines secondes).
- Le calcul : Si un joueur fait une passe qui déplace le ballon d’une zone à 2% de danger vers une zone à 15% de danger, il est crédité de +0.13 xT.
- L’utilité : Le xT valorise les joueurs qui prennent des risques utiles loin du but. Il identifie les « maîtres du chaos » qui, par un dribble ou une passe verticale, augmentent drastiquement les chances de leur équipe, même s’ils ne font pas la passe décisive finale.
Packing : L’Art d’Éliminer
Inventée en Allemagne, cette métrique est devenue la norme pour juger l’efficacité verticale.
- Le concept : Le football consiste à sortir des adversaires du jeu pour se retrouver en supériorité numérique près du but.
- La mesure : Le « Packing » compte simplement le nombre d’adversaires dépassés (éliminés) par une passe ou un dribble.
- La nuance : Éliminer un attaquant adverse a peu de valeur. Éliminer un défenseur central en a énormément. On parle alors de « Defenders Bypassed ». Une passe qui casse deux lignes de pression vaut de l’or, même si elle semble anodine visuellement.
Progressive Actions : Gagner du Terrain
Plus simple que le xT, cette métrique mesure le gain territorial pur.
- Progressive Pass : Une passe réussie qui fait avancer le ballon d’au moins 9,1 mètres (10 yards) vers le but adverse, ou toute passe entrant dans la surface de réparation.
- Progressive Carry : La même chose, mais balle au pied. C’est l’arme des ailiers modernes et des défenseurs centraux qui montent balle au pied pour fixer l’adversaire.
Tableau Récapitulatif : Le Dictionnaire de la Progression
| Métrique | Nom Complet | Définition | Pourquoi l’utiliser ? |
| xT | Expected Threat | La différence de probabilité de but créée en déplaçant le ballon d’une zone A à une zone B. | Identifier les créateurs de danger réels, ceux qui font « la passe qui déclenche tout ». |
| Packing | Packing Rate | Nombre d’adversaires éliminés par une action (passe ou conduite). | Valoriser l’efficacité verticale. Une passe latérale a un Packing de 0. |
| Impect | Impect Score | Indice pondéré du Packing (éliminer un défenseur rapporte plus de points qu’un attaquant). | Juger la capacité à briser les lignes défensives critiques. |
| Prog. Passes | Progressive Passes | Passes faisant avancer le jeu de >9m ou entrant dans la surface. | Mesurer la responsabilité d’un joueur dans la remontée du ballon. |
| Prog. Carries | Progressive Carries | Conduites de balle faisant avancer le jeu de >9m. | Identifier les joueurs capables de casser le pressing par le dribble ou la course. |
| Prog. Rec. | Progressive Passes Received | Nombre de passes progressives reçues par un joueur. | Souvent oublié, c’est l’indicateur clé des attaquants qui savent se rendre disponibles dans les interlignes. |
| xGBuildup | xG Buildup | Participation d’un joueur à une chaîne de possession menant à un tir (sans être le tireur ni le passeur). | L’ancêtre du xT, toujours utile pour valoriser les défenseurs centraux « relanceurs ». |
4. Quantifier l’Invisible : L’Analyse du Bloc et du Pressing
C’est la partie la plus contre-intuitive pour le grand public. Pendant des années, on a jugé un défenseur au nombre de tacles réussis. Or, comme le disait Paolo Maldini : « Si je dois faire un tacle, c’est que j’ai déjà commis une erreur ».
En 2026, la data défensive ne mesure plus seulement l’intervention, mais la structure et l’intention.
Défendre, ce n’est pas seulement récupérer le ballon, c’est contrôler l’espace. Les statistiques traditionnelles (tacles, interceptions, dégagements) sont souvent des indicateurs de volume d’activité subie, pas de qualité défensive. Une équipe qui tacle beaucoup est souvent une équipe qui n’a pas le ballon et qui défend en reculant. L’analyse moderne se concentre sur l’intensité et la hauteur de récupération.
PPDA : Le Thermomètre de l’Agressivité
C’est la métrique standard pour mesurer l’intensité du pressing haut.
- Le calcul : Passes Allowed Per Defensive Action. On divise le nombre de passes tentées par l’adversaire dans ses 60 premiers mètres par le nombre d’interventions défensives (tacles, interceptions, fautes, challenges) réalisées par l’équipe qui défend.
- La lecture : Plus le chiffre est bas, plus le pressing est intense. Un PPDA de 8.5 signifie que l’adversaire ne peut enchaîner que 8 passes et demie avant de subir une tentative de récupération. Un PPDA de 20 indique un bloc passif ou bas.
Field Tilt : La Vraie Possession
La possession globale (ex: 60%) est une donnée menteuse si le ballon circule entre les défenseurs centraux.
- Le concept : Le Field Tilt (inclinaison du terrain) mesure la part de possession d’une équipe, mais uniquement dans le dernier tiers du terrain.
- L’utilité : Si vous avez 60% de possession globale mais seulement 30% de Field Tilt, votre domination est stérile : vous avez le ballon, mais chez vous. Si votre Field Tilt est supérieur à 70%, vous étouffez littéralement l’adversaire dans sa surface.
Defensive Line Height : La Hauteur du Bloc
Grâce à la Tracking Data, on mesure la distance moyenne de la ligne défensive par rapport à son propre but.
- L’analyse : En 2026, les équipes dominantes jouent souvent avec une ligne moyenne à 45-50 mètres. Cela expose à la profondeur mais permet une compacité extrême. Une ligne basse (30 mètres) indique une stratégie de « Park the Bus » ou une incapacité à ressortir.
High Turnovers : La Punition Immédiate
Le but du pressing moderne n’est pas juste de récupérer la balle, c’est de la récupérer près du but adverse pour marquer en transition courte (Gegenpressing).
- Shot-Ending High Turnovers : Nombre de récupérations hautes (dans les 40 derniers mètres) qui aboutissent à un tir dans les 10 secondes. C’est l’arme fatale des équipes à la Klopp ou Luis Enrique.
Tableau Récapitulatif : Le Dictionnaire de la Défense et du Pressing
| Métrique | Nom Complet | Définition | Pourquoi l’utiliser ? |
| PPDA | Passes Per Defensive Action | Nombre de passes adverses autorisées par action défensive (dans les 60% bas du terrain). | Mesurer l’intensité du pressing. Bas = Pressing féroce. Haut = Attentisme. |
| Field Tilt | Field Tilt | % de possession calculé uniquement dans le dernier tiers du terrain. | Mesurer la domination territoriale réelle. Qui joue dans le camp de l’autre ? |
| Challenge Intensity | Challenge Intensity | Nombre d’actions défensives (tacles/interceptions/fautes) par minute de possession adverse. | Complément du PPDA. Indique à quel point une équipe « harcèle » le porteur. |
| Buildup Disrupt. | Buildup Disruption % | Pourcentage des phases de relance adverses « cassées » avant d’atteindre la ligne médiane. | Évaluer l’efficacité tactique du pressing pour empêcher la progression. |
| Line Height | Defensive Line Height | Distance moyenne de la ligne défensive par rapport au but (en mètres). | Identifier la stratégie du bloc : Bloc haut (risque/domination) vs Bloc bas (sécurité/contre). |
| High Turnovers | Récupérations Hautes | Récupérations de balle dans les 40 derniers mètres adverses. | Mesurer la capacité à punir la relance adverse (Gegenpressing). |
| Possession Adj. | PAdj Stats | Statistiques défensives (tacles/interceptions) ajustées à la possession. | Indispensable : une équipe avec 70% de possession défend moins souvent. Ajuster permet de comparer les joueurs équitablement. |
| Pressure Regains | Pressure Regains | Nombre de fois où le ballon est récupéré dans les 5 secondes suivant une pression sur le porteur. | Crédite le joueur qui a fait le pressing, pas forcément celui qui récupère le ballon perdu. |
| Clearance | Dégagement | Action d’éloigner le ballon de la zone dangereuse sans chercher de coéquipier. | Indicateur de panique ou de résistance ultime. Souvent corrélé négativement au succès à long terme. |
5. Du Terrain au Bureau : Le Scouting Prédictif
Le mythe du vieux recruteur qui déniche une pépite au fin fond de l’Uruguay par hasard est mort. Aujourd’hui, aucun club de Ligue 1 (ni même de Ligue 2) ne déplace un humain pour observer un joueur sans que la data n’ait d’abord validé le profil. La data ne signe pas le joueur, mais elle décide qui mérite d’être regardé.
L’Entonnoir de Filtrage (The Funnel)
Il est humainement impossible de surveiller les 100 000 joueurs professionnels de la planète.
- L’étape 1 : Les algorithmes scannent des dizaines de championnats (de la J-League japonaise à la 2e division autrichienne) 24h/24.
- Le filtre : Le directeur sportif définit des critères stricts (ex: « Défenseur central gaucher, moins de 23 ans, >70% de duels aériens gagnés, >5 passes progressives par match »).
- Le résultat : La machine réduit une liste de 5 000 candidats potentiels à 15 cibles pertinentes. C’est seulement là que l’analyse vidéo commence.
La Recherche de Similitude (Similarity Models)
C’est l’application la plus lucrative de la data scouting.
- Le problème : Votre star part pour 80 M€. Comment la remplacer ?
- La solution : Les algorithmes de « Similarity Search » (recherche par cosinus de similarité) analysent le profil statistique de votre star et cherchent son jumeau dans des championnats moins exposés.
- L’exemple : Vous ne pouvez pas acheter Florian Wirtz ? L’algorithme vous trouvera le joueur de 19 ans en Croatie qui a le même volume de passes clés, les mêmes zones de réception de balle et la même efficacité de dribble, pour 10% du prix.
Le « System Fit » : L’importance du contexte
Un excellent joueur peut être une recrue catastrophique s’il ne colle pas au style de l’équipe.
- Si votre équipe joue le pressing haut (High Block), recruter un défenseur central habitué à défendre dans sa surface (Low Block) est un suicide, même si ses stats sont bonnes.
- La data permet de simuler l’intégration d’un joueur dans votre système tactique avant même de l’acheter.
Le Filtre de Réalité : Le « League Adjustment »
C’est la protection ultime contre l’illusion statistique. Marquer 25 buts en Eredivisie ou en Jupiler Pro League ne garantit pas la même production en Ligue 1.
- Le principe : Les modèles appliquent une « taxe de transition » aux statistiques brutes d’un joueur.
- Le calcul : Si l’historique des transferts montre que les buteurs venant du championnat autrichien perdent en moyenne 40% de leur production offensive en arrivant dans le Top 5 européen, l’algorithme ajustera les données du joueur ciblé en conséquence.
- L’enjeu : Cela permet de comparer ce qui est comparable. Un milieu de terrain à 0.4 passe décisive/match en Ligue 2 peut se révéler statistiquement « meilleur » qu’un milieu à 0.6 en D1 Suisse une fois l’ajustement de la difficulté du championnat appliqué.
Tableau Récapitulatif : Le Dictionnaire du Recrutement
| Métrique / Terme | Traduction | Pourquoi l’utiliser ? |
| Percentile Rank | Rang Centile | Classement d’un joueur par rapport à ses pairs (ex: « 95e percentile en dribbles » signifie qu’il fait mieux que 95% des joueurs de son poste). |
| Similarity Score | Score de Similitude | Pourcentage de ressemblance statistique entre deux joueurs (ex: Joueur A est à 92% similaire à Joueur B). |
| Sample Size | Taille de l’échantillon | Le nombre de minutes jouées sur lesquelles les stats sont basées. |
| Age Curve | Courbe de vieillissement | Modèle prédictif de l’évolution des performances selon l’âge. |
| Radar / Pizza Chart | Graphique Radar | Visualisation graphique des centiles d’un joueur sur 8 à 12 métriques clés. |
| League Adjustment | Ajustement au championnat | Coefficient appliqué aux stats pour traduire la performance d’une ligue faible vers une ligue forte. |
6. Les Limites : Pourquoi le Contexte reste Roi
La data est un serviteur puissant, mais un maître dangereux. En 2026, l’erreur des débutants est de penser que les chiffres détiennent la vérité absolue. Ils ne détiennent que des faits, dénués de contexte émotionnel ou tactique.
Le Piège du « Game State »
C’est le biais statistique le plus fréquent.
- Le constat : Une équipe qui mène 3-0 arrête d’attaquer et laisse le ballon. Ses stats de possession et d’xG chutent, tandis que celles de l’équipe perdante (qui attaque désespérément) grimpent.
- L’analyse : Juger un match sur les chiffres bruts sans regarder le score à la minute T est trompeur. Les analystes utilisent désormais des modèles « Game State Adjusted » pour pondérer les performances à 0-0 vs celles à 3-0.
Ce que la Data ne voit pas (encore)
Même avec l’IA et le Tracking :
- Le Leadership : Aucune métrique ne mesure la capacité d’un capitaine à remobiliser son bloc après un but encaissé.
- La Communication : Un défenseur qui replace ses coéquipiers par la voix évite souvent d’avoir à faire un tacle. La data ne voit pas le danger évité par la parole.
- L’Intention : Une passe ratée parce que l’attaquant a glissé est comptée comme un déchet technique, alors que l’idée était bonne.
La Règle d’Or 2026 : La data vous dit quoi regarder. La vidéo vous explique pourquoi ça arrive. L’un ne va pas sans l’autre.
7. Changez vos Lunettes
Nous y sommes. Vous possédez désormais le glossaire et les clés de lecture des directions sportives modernes. La data n’a pas pour vocation de tuer la magie du football ou de transformer les joueurs en robots. Au contraire, elle ajoute une couche de profondeur à notre passion.
Elle permet de comprendre pourquoi un match nul 0-0 peut être tactiquement fascinant, ou pourquoi votre attaquant favori qui ne marque pas est en réalité le joueur le plus précieux de l’effectif grâce à ses courses et ses actions progressives.
Le football reste un jeu d’incertitude, et c’est ce qui fait sa beauté. La data ne sert qu’à réduire cette incertitude, un centième de xG à la fois.
Votre mission pour le prochain match : Ne regardez pas le ballon. Lors du prochain match de Ligue 1, essayez d’identifier le Field Tilt : quelle équipe joue réellement dans le camp de l’autre ? Oubliez la possession stérile, cherchez la domination territoriale. C’est un premier pas vers une analyse plus poussée.

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