Bordeaux 2009 : La dernière équipe romantique

Il y a des champions qu’on respecte pour leurs statistiques, et il y a des champions qu’on aime pour leur esthétique. Les Girondins de Bordeaux de la saison 2008-2009 appartiennent, pour l’éternité, à la seconde catégorie.

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C’était une époque avant le PSG qatari, avant la VAR, avant l’obsession des xG. C’était l’année où un « nouveau Zidane » a marché sur l’eau pour briser l’hégémonie de l’Olympique Lyonnais. Retour sur une saison de grâce que les moins de 20 ans doivent absolument connaître.

La Fin de la Dictature Lyonnaise

Pour comprendre l’exploit, il faut se remettre dans le contexte. En 2008, l’Olympique Lyonnais est un monstre froid qui vient d’enchaîner 7 titres de champion consécutifs. La Ligue 1 est verrouillée. Personne n’imagine que cette machine de guerre peut s’enrayer.

Pourtant, en Gironde, un jeune entraîneur nommé Laurent Blanc décide de jouer autrement. Pas de « béton », pas de calcul. Il installe un système en losange, fait pour la possession et le beau jeu. Une audace tactique qui va payer au-delà de toutes les espérances.

Yoann Gourcuff : Le « Zidane » qu’on attendait

Si cette équipe est devenue légendaire, c’est grâce à un homme : Yoann Gourcuff. Arrivé en prêt de l’AC Milan, le Breton va livrer ce qui reste, à ce jour, l’une des saisons individuelles les plus abouties de l’histoire moderne de la Ligue 1.

Yohann Gourcuff vs PSG

Ce n’était pas seulement des buts ou des passes décisives. C’était de l’élégance pure. Sa conduite de balle tête haute, ses orientations du jeu, sa fluidité… Cette saison-là, Gourcuff ne jouait pas au football, il dansait.

Le soir du 11 janvier : Le but d’une vie

S’il ne fallait retenir qu’une seule image de cette saison, ce serait ce soir de janvier contre le PSG à Chaban-Delmas. Ce but n’est pas juste un but, c’est un résumé de son génie :

  1. Une roulette « Zidanesque » pour éliminer Sylvain Armand et se sortir du marquage.
  2. Un crochet extérieur dévastateur pour envoyer Sammy Traoré au sol.
  3. Un pointu de l’extérieur du pied pour finir dans le petit filet.

Le stade explose. Les commentateurs hurlent. À cet instant précis, la France entière est persuadée d’avoir trouvé le successeur du numéro 10 de 1998.

Une Symphonie Collective : Chamakh, Wendel et les autres

Mais réduire Bordeaux 2009 à Gourcuff serait une injustice. Il était le soliste, mais l’orchestre autour de lui était parfait. Laurent Blanc avait construit une machine où chaque pièce était indispensable :

Girondins de Bordeaux collectif
  • Marouane Chamakh : L’attaquant de l’ombre, le pivot ultime. Il ne marquait pas 30 buts, mais il gagnait tous les duels aériens, permettait au bloc de remonter et bonifiait chaque ballon pour Gourcuff. Sans le travail de sape de Chamakh, Gourcuff n’aurait jamais eu autant d’espace.
  • Le pied gauche de Wendel : Sur coup franc ou corner, c’était quasiment penalty. Une arme létale qui a débloqué des matchs fermés.
  • La forteresse Diawara-Planus : La puissance athlétique de Souleymane Diawara alliée à l’intelligence de placement de Marc Planus.
  • Alou Diarra : La sentinelle tentaculaire devant la défense qui permettait aux artistes de créer sans peur.

Cette équipe a fini la saison sur une série irréelle de 11 victoires consécutives pour coiffer l’OM au poteau. Un sprint final digne d’un film.

L’Héritage : Pourquoi on les pleure encore ?

Pourquoi Bordeaux 2009 nous rend-il si nostalgiques aujourd’hui, alors que le club traverse les heures les plus sombres de son histoire ? Parce que c’était une équipe éphémère. Une étoile filante.

Dès l’année suivante, la magie a commencé à se dissiper. Chamakh est parti à Arsenal, Gourcuff a commencé à lutter contre son physique, Blanc a rejoint les Bleus. Ce Bordeaux-là n’a duré qu’un an, mais il a laissé une empreinte indélébile.

C’était la victoire du « football romantique ». La preuve qu’on pouvait gagner en jouant bien, en prenant des risques, avec élégance. Une leçon que la Ligue 1 ferait bien de se remémorer.

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