Le choc du dimanche soir entre l’AS Monaco et l’OM a, comme souvent, laissé place à la frustration envers les arbitres plutôt qu’au jeu. Alors que l’on pouvait s’attendre à un spectacle fantastique comme à Metz ou à Auxerre, la polémique a fait oublier le contenu plutôt agréable du match.
Au cœur de la tempête : le but refusé à Lamine Camara qui aurait pu tout changer. Une décision qui illustre parfaitement le mal profond de l’arbitrage français : l’obsession de la procédure au détriment de l’esprit du jeu.

Sur l’action, la frappe de Camara est limpide. Le ballon finit au fond. Mais le drapeau se lève, et après une longue séquence de flottement, François Letexier annule le but. Le coupable ? Folarin Balogun. L’attaquant monégasque est en position de hors-jeu. Il ne touche pas le ballon. Il ne gêne pas directement la trajectoire. Mais il est jugé comme faisant « action de jeu » par sa simple présence qui aurait pu influencer un défenseur ou le gardien.
C’est une interprétation millimétrique, scrupuleuse, presque robotique du règlement. Une décision « techniquement » justifiable, mais « footballistiquement » incompréhensible pour beaucoup.
Le Paradoxe Letexier : Patron à l’Euro, Procédurier en L1
Ce qui rend cette polémique fascinante, c’est l’identité de l’arbitre. François Letexier n’est pas un débutant. C’est actuellement le meilleur sifflet français, celui qui a arbitré la finale de l’Euro 2024 avec une maîtrise saluée par toute l’Europe.
Sur la scène internationale, Letexier est connu pour laisser jouer, pour son dialogue avec les joueurs et sa capacité à sentir le match. Pourquoi, dès qu’il remet le pied en Ligue 1, semble-t-il contraint d’appliquer le règlement comme un automate, sans aucune nuance ? Pourquoi le « sens du jeu » disparaît-il au profit de la « règle pure » ?

Le Vrai Coupable : Un système de notation qui paralyse
La réponse ne se trouve pas sur la pelouse de Louis-II, mais dans les bureaux de la Direction Technique de l’Arbitrage (DTA). Le secret le mieux gardé du foot français, c’est le mode de calcul des notes des arbitres.
En Ligue 1, les officiels jouent leur propre championnat. À chaque match, ils sont notés par un observateur. Le problème ? Le système français est punitif. Il valorise la décision technique parfaite (le pixel de hors-jeu) plutôt que la fluidité du jeu. Là où l’UEFA demande de privilégier le spectacle et l’intention, la DTA demande de la chirurgie.
Conséquence directe : Sur le but de Camara, François Letexier n’arbitre pas avec son instinct. Il arbitre avec la peur de la sanction administrative. S’il valide le but et que l’observateur estime qu’il y a un orteil de Balogun qui gêne, sa note chute. Dans le doute, l’arbitre français choisit toujours l’option la plus restrictive pour se « couvrir » vis-à-vis de ses patrons.

Conclusion : Libérez nos arbitres
L’annulation du but de Monaco n’est pas une erreur d’arbitrage au sens strict, c’est une erreur de système. Elle prouve que nous avons transformé nos meilleurs arbitres en experts-comptables.
Tant que la Ligue 1 notera ses officiels sur leur capacité à disséquer des images plutôt qu’à diriger des hommes, nous aurons des polémiques stériles chaque dimanche soir. François Letexier a prouvé en finale de l’Euro qu’il savait arbitrer. Il serait temps que la Ligue 1 le laisse faire.
